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Théâtre libre Christian Deligne

Suite à l'atelier "Théâtre libre" du stage d'avril 2018, je vous envoie la compilation que je viens de saisir de mes notes sur la mise en oeuvre pratique dans la classe.

"Le théâtre, c'est dire ce qu'on a à l'intérieur, dire ce qu'on ressent." disaient mes élèves de CP après la première séance en avril 2005 où, comme toujours par la suite, tous les enfants ont joué. Sans oublier les séances que j'ai arrêtées certaines années quand la mayonnaise ne prenait pas !

J'ai ajouté en fichier attaché (en bas de cette page) un article de Christiane Page qui a écrit le livre dont je me suis inspiré (Eduquer par le jeu dramatique, ESF). Il analyse ce qui se passe dans ces séances, la place de ce lieu dans l'imaginaire de l'enfant.

 

 

 

                                                          Théâtre en stock, avril 2005, et notes personnelles Christian Deligne

                                                                                                           Stage jeu dramatique
                                                                                                               Théâtre à jouer

Préalable
La préparation de l’espace de jeu est un fondement à l’activité théâtrale : C’est un espace vide, bien délimité qui permet de convoquer l’imaginaire…
L’animateur de l’atelier donne à jouer, par le biais de consignes claires (ouvertes ou fermées).
Sa démarche pédagogique générale est de répondre à des problèmes de jeu par le jeu.
Le contenu de ce texte est à adapter aux publics suivant leur âge et leur réceptivité.

1 L’espace de jeu
Premiers échauffements pourquoi :
-Pour le collectif ; parce que le théâtre est une aventure collective.
-Pour se concentrer et être à l’écoute de l’autre, des autres.
-Pour occuper l’espace dans lequel on s’affirme et on évolue.
-Pour cultiver son imagination (« L’imagination est un muscle »).

Le grand moteur du jeu, c’est le plaisir de jouer, d’intéresser, de traverser des formes d’émotions à travers des personnages, de faire rire, pleurer, de faire peur…
L’atelier commence et se termine par un cercle de parole.
L’aire de jeu matérialisée par terre (ruban adhésif…), endroit où on regarde et endroit où on joue.
On est un autre, on va oublier qu’on a un prénom, un nom, on va devenir les personnages de l’histoire que l’on va raconter aux autres.
On ne fait pas de commentaire pendant le jeu. Si vous entendez des remarques sur votre jeu,  vous ne réagissez pas, vous êtes dans votre personnage.

Créer un espace avec le corps
Si un corps regarde par terre, il va se pencher ; s’il regarde en haut, il va aller en arrière. Donc, regarder devant, le regard s’accroche à un bout du mur. Le regard tient le corps dans l’espace. Le secret, c’est ce à quoi vous allez raccrocher votre regard, on le met le plus haut possible.
En m’asseyant un peu sur mes talons, en dés enclenchant un peu mes genoux, sans être avachi, tout le poids de pn corps, il est là sur la plante de mes pieds, il y a quelque chose qui est lourd, mon corps, il est là. Je descends les épaules, je lâche le ventre, on descend les épaules, on se donne la sensation d’être là, il y a quelqu’un qui tire vers le haut, on est attiré par la terre, mais il nous reste un semblant d’accroche en haut, on est accroché par le regard sur le mur et ça, pour le sentir, il faut que les cervicales soient un peu droites, rentrer le menton, visualiser notre colonne vertébrale qui est bien droite et souple parce que j’assoie mon corps sur talons et sur la plante des pieds.

Les marches :
-Se répartir dans tout l’espace, marcher ensemble et prendre toute la place, tout en changeant sans cesse de direction…
-Marcher… Au top, s’arrêter, regarder l’espace qu’on occupe tous ensemble…
NB : On apprend aussi à sentir la présence des autres, sans avoir besoin de les regarder…

-Marcher… Au top on se met deux par deux : côte à côte, face à face, l’un sur l’autre, l’un derrière l’autre etc…
-Marcher… Au top, on crée une figure. Ex. 1 : A tous, en une seule ligne droite, du plus petit au plus grand, en cercle, en carré… en 5 secondes. (Et inversement)… Ex 2 : Un porté par tous les autres…
-Marcher en imaginant des figures géométriques en précisant bien votre place dans la figure. Tout cela en regardant bien le secret.
NB : Ne pas se poser la question du sens, mais on travaille l’écoute de la consigne « être sur le qui vive… »
Idem exercice précédent avec en plus la notion d’ouverture de jeu.

-Marcher… Au top, s’arrêter et se mettre en image… dans une attitude jeu, être vivant…
-Idem… puis au 2ème top, « ça s’anime… »
-Marcher… Au top, on se met deux par deux en image… : Côte à côte, face à face, l’un sur l’autre, l’un deirrière l’autre. Etc…
-Marcher… On a déterminé 2 groupes (Les numéros 1 et les numéros 2). Au top, chaque numéro 1 se met en image… et chaque numéro 2 complète l’image… (*)
NB : Tout en jouant on crée du sens. « Jouer, c’est faire »… Le jeu crée du sens, le sens ne crée pas forcément du jeu… La notion de complémentarité et d’écoute : l’autre joueur est là pour aider à mieux jouer…

Marcher… avec un état… (Timidité, tristesse, l’amour, la peur, la fatigue, la stupéfaction, le soulagement, le stress….). On est « vraiment » dans son état… dynamique de la marche : être ne action… Au top, on s’arrête et on montre au public…
-Marcher… avec un état… Au top, on se met par 2 (suivant des combinaisons corporelles ou pas)
NB : Au théâtre, on voit d’abord… Le théâtre montre le sensible… La notion de mentir vrai et vérité de jeu…

Premières improvisations :
-(*) Préparer une image à deux et trouver les deux répliques qui correspondent.
(Rejeu possible en improvisation avec consigne complémentaire. Exemple : Avec un bon jeu physique, avec deux états forts, en développant la situation…)
-Préparer une image par 2, en partant d’un jeu corporel (Ex : côte à côte…),
-Préparer une image à 2 à partir d’un état fort…
(Rejeu immédiat, en créant pour chacun des joueurs, sa réplique. (Tout en gardant l’image et sans être redondant.)
-Préparer une improvisation à partir de deux états forts, à partir d’un tirage au sort (préparer les cartons auparavant) Pas content/bonne humeur –émerveillé/blasé – intelligent/idiot – stressé/calme – fatigué/dynamique – seul/ensemble – horreur/émerveillé – inquiet/rassuré – égoïste/généreux – angoissé/ détendu – collant/distant – coléreux/calme – ennuyé/passionné – timide/entreprenant – honteux/fier – courageux/lâche – affectif/distant – audacieux/effrayé – fragile/fort – autoritaire/accommodant – boudeur/médiateur…
NB : A partir de ces petites improvisations, on peut préparer des improvisations plus développées qui peuvent prendre l’allure d’une scène…

-Cet espace n’est rien pour l’instant, tant que les deux corps qui vont venir en travail muet dans cet espace, dedans, dehors, je ne sais où, jouer une petite action muette simple qui va nous éclairer sur ce qu’est cet espace.
 «- Et si c’était… » : Des joueurs créent une image sans se concerter (en y allant un par un), puis le public joue à « si c’était un lieu… (ex : salle de bain, forêt…) On attend trois secondes pour assimiler la proposition, puis on donne un autre lieu. L’animateur note les idées au fur et à mesure puis propose un des « si c’était… » au groupe qui devra préparer une improvisation.

-Créer des espaces avec des objets draps,  journaux, bâtons… des objets non figuratifs
Fabrique un espace avec  les draps et vous vous arrêtez
Place ton corps : où est-il dans l’espace.
Dans son refuge où est-il ?
L’espace existe par rapport au corps qui est dans l’espace…
Essayez, déplacez les éléments…
 

2 Espace de jeu et d’interprétation

Autres échauffements :
Les marches :
-Faire le contraire de ce qui est demandé : Marcher en avant, avancer, courir, marcher sans faire de bruit, marcher tout droit… Marcher en arrière, reculer, marcher au ralenti, marcher en faisant beaucoup de bruit… Marcher en étant fatigué… Marcher en état très souple…
-Marcher avec un état (timidité, tristesse, colère, peur, fatigue, stupéfaction, soulagement…). On est vraiment dans son état… dynamique de la marche : être en action… Au 1er top, on s’arrête et on montre au public… Au 2ème top, on se regroupe en chœur au centre de l’espace.

Jeux en chœur (personnage collectif qui regarde dans une même direction, et dans une même émotion) :
-Se mettre en chœur en fond de scène, au centre ; un joueur s’extrait du chœur, puis lui fait face et le chœur le rejoint en l’entourant… et on recommence avec un autre joueur…
-Se mettre en chœur en fond de scène, au centre ; un joueur s’extrait avec un état correspondant à une petite phrase qui est annoncée par l’animateur (Oh là là ! Ah non ! Ca m’est égal ! Je suis malade ! Ca sent bon ! Ca sent mauvais !...), il s’avance tout droit au centre de la scène, puis fait face au chœur et dit la phrase. Le chœur reproduit la démarche du joueur, son attitude… et sa façon de dire…
-Idem que précédent mais crescendo dans l’état : le joueur sort du chœur, va à la cour et dit la phrase dans l’état (niveau I) vers le chœur, puis à jardin (niveau II) vers le chœur, puis au milieu de la scène vers le public (niveau III)… Le chœur refait le dernier parcours.
NB : Niveau I, II, III de jeu : c’est souvent le niveau III de jeu qui est nécessaire pour la représentation.

Improvisations à partir du chœur :
-Préparer une image par groupe de 5 sur un même sujet et un même état…
-Préparer une improvisation, à partir de cette image, sur un même sujet et un même état…
Les personnages sont dans le même état et sont d’accord sur ce qui est dit.
Parler à tour de rôle pour que le dialogue se construise…
 

3 Espace de jeu et de paroles

Jeu avec un état correspondant à une phrase.
Jeu sur les entrées :
-tirage au sort d’une phrase écrite (non littéraire), faire une entrée à un seul joueur, avec un état. Aller en avant scène, se caler et dire la phrase vers le public. (C’est pas moi ! Oh, j’ai eu peur ! J’y crois pas ! Ah non, je veux pas ! C’est pas juste ! J’ai mal ! Comme tu veux ! Je suis beau ! J’ai gagné ! J’aime ça !...)

Les proférations :
Une phrase sur tous les tons avec le maximum d’intensité, en allongeant les syllabes, en tapant bien dans les consonnes, en regardant bien le secret.

Improvisation suite :
-Improvisations préparée à 2, partir de deux phrases tirées au sort. Rejeu de certaines improvisations…
NB : Travail sur le dialogue à partir de 2 répliques qui ne se suivent pas naturellement. Travail sur l’émergence de la parole…

Improvisations à partir d’une phrase leitmotiv :
-Préparer une improvisation à 2, le premier joueur prend appui sur une phrase leitmotiv et un état fort. Ex : « Il m’a quitté », et le deuxième développe du texte… (C’est quand même très rouge ! Je suis enceinte ! Elle est trop molle ! Non, ce n’est pas vrai ! Et après… T’es gentil ! C’est comme ça ! Ca m’est égal ! C’est pas juste !...)

4 Espace de jeu et texte

-Théâtre libre.

Propositions de jeu. Pour aller vers le théâtre libre, il est possible, ou quelque fois souhaitable, de proposer des thèmes : Quelque chose a été perdue… La dispute… Il a grandi…

Quand les enfants sont prêts, et ils le sont bien plus vite que nous adultes, ils peuvent se mettre d’accord sur une histoire puis la jouer en improvisant, et se faire aider par le public, et éventuellement la rejouer (Christine Page, voir la feuille)
Situation de départ : Se mettre d’accord sur quand et où ce la se passe, les relations entre les personnages.
Evénement : l’événement permet une dramatisation, en introduisant une dose de conflit qui fait évoluer la situation. IL peut y avoir un ou plusieurs événements. L’événement révèle les personnages sous un jour nouveau. L’événement est psychologique ou non. Il est important ou non.
La fin : Ce n’est pas une chute ou une conclusion. Les joueurs doivent se mettre d’accord sur la façon dont ils vont arrêter le jeu. C’est le plus indispensable car c’est ce vers quoi les acteurs vont aller. De plus, cela aide certains à ne pas trop cabotiner.
Les personnages : C’est un espace d’exploration des individus. Au départ, le personnage permet aux joueurs de se projeter, de s’exprimer, dissimulés, le croient-ils, par ce masque.
Les joueurs en attente : il est important de préciser que les enfants qui ne jouent pas ne sont pas des spectateurs, nous ne sommes pas au spectacle. Les enfants qui ne jouent pas sont des joueurs en attente. Après le jeu dramatique, on travaille en préalable sur les capacités des joueurs à exprimer ce qu’ils choisissent d’exprimer. Ce sont d’abord les joueurs eux-mêmes qui ont la parole. Ils peuvent demander de l’aide aux joueurs en attente. Donc pas de jugement et pas d’applaudissement. « On fait des essais, on est en recherche, on a le droit à l’erreur et au tâtonnement. » Par contre, on  peut échanger les points de vue.

 
Annexe

Echauffement à l’écoute :
-En cercle, compter de 1 à 7 par ordre croissant et décroissant. Puis remplacer 3 par un son ; puis 5  par un geste…
-En cercle, passer des boules de différentes couleurs (jaunes, rouges, vertes) dans un sens et une boule noire dans un autre sens. Attention, ne pas perdre la boule ! Penser à faire un geste de communication qui soit clair : je prends la boule et je donne la boule…
NB : Ces jeux doivent être faits en début de séance avant les improvisations. Ils sont un bon échauffement à l’écoute et au travail collectif : « Savoir perdre du temps pour en gagner »

 

 

 

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